Avec armes et bagages :
« AVEC HONNEUR SU’L’CHAMP D’BATAILLE ! »
C’est dans l’allégresse, la sueur et le vin rouge, sans qu’on ne puisse vraiment dire lequel primait sur l’autre, que se bouclaient les tout derniers préparatifs du départ, la compagnie levant le camp le lendemain aux aurores.
« AVEC DU CŒUR QUAND CA RIPAILLE ! »
Reprenaient ensemble Louison, Jean Eudes et Tof qui s’échignaient à rassembler les nombreux et volumineux effets de l’intendance de campagne.
Jean Eudes était un grand type costaud, l’air alerte, originaire du village tout proche. Séduit par les promesses alléchantes du Chapelain en place publique il a rejoint la troupe en qualité de marmiton avec le projet d’apprendre plus avant le maniement des armes. Prévenant avec tous, il attendait avec fièvre cette première mise à l’épreuve.
« ON FAIT LA FETE A CHAQUE VICTOIRE ! »
- « Mais qu’est ce qu’on a comme barda, une vraie montagne, on en distingue même plus les fondations » ! souffla Louison. « C’est à croire qu’on mange plus qu’on ne se bat » !
- « Manger je ne sais pas mais boire c’est un fait » remarqua Tof. « Et au fond c’est mieux comme ça non » ?
- « Il en pense que c’est quand même grand peine et il note que les gars chargés du fort, du char, du convoi et des armes n’ont pas l’air si occupés » objecta Jean Eudes qui étrangement s’exprimait régulièrement à la troisième personne et parfois de surcroît se mettait à vouvoyez ses interlocuteurs.
- « Lourd c’est mieux qu’ils disent, nous compterons donc parmi les meilleurs ! » conclu Louison tout en s’assurant que les cages à gibier étaient bien closes et bien bâchées. « Trois jours de réserve de viande sur pied, principe de précaution » avait ordonné le capitaine, c’est dire s’il ne fallait pas que tout cela s’égare pendant la téléportation !
Et ils trinquèrent, et ils chantèrent avant de s’asseoir, le devoir accompli, sur les plus hautes caisses, profitant d’un caressant soleil couchant.
« SI COULE NOT’SANG C’EST A LA TIENNE ».
Tof, appréciant le rubis d’un flacon qui lui tiendrait compagnie jusqu’à son antre :
- « Wouep et avec tout ça il va encore falloir surveiller sa panse pour rentrer chez la pondeuse ce soir ! L’est pas encore au point le phare, moi je vous le dis ! De mon côté il y a encore des recoins qui ne sont pas tout nets, même que j’ai déjà bien failli y laisser mes os ! Ca s’ingénie chez les ingénieurs et il paraît que Morg Main Brûlée est sur le coup. En attendant, si le mage t’as pas à la bonne, ivrogne ou pas gare à ta trogne !"
Jean Eudes, regardant au loin vers son village :
- « Il vous comprend fort bien dans vos inquiétudes, on ne vit pas la même chose de par chez nous mais depuis votre arrivée deux camarades ont disparu. Et puis encore voilà trois nuits, alors qu’il picorait aux cuisines, il a entendu grande noise et vacarme dans l’annexe basse du donjon, même qu’il vous dit que c’était, un court instant, tout éclairé de rayons de lumière par les fenêtres ».
Louison se levant, fourbu et décidé à laisser là la conversation :
- « Allez camarades, assez ouvré pour aujourd’hui. La nuit tombe, la garde va prendre le relais et veiller sur le convoi jusqu’à demain ».
Des bruits secs et métalliques se firent entendre en dessous d’eux.
- « Paix là ! C’est le gibier qui frotte ses bois sur les cages, il est nerveux et fatigué et nous avec, rentrons. »
Un coup sourd secoua légèrement le packtage.
- « Celui là rue comme un forcené; il a compris, il préfèrerait courir dans les bois plutôt que de finir dans nos estomacs ».
A ce moment arrivèrent Vaillant et Sarihan, qui s’assuraient de la bonne montée de la garde. Le second enchanta l’arme du premier.
- « Rentrez chez vous compagnons, Vaillant vous escorte tandis que je reste ici, n’ayez crainte de tomber sur un ost ».
- « Sauf… qu’avec Vaillant………………….., ça dépend ! » pouffa Tof, l’humeur redevenue rieuse.
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