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 Récit d'introduction aux aventures de la Compagnie du Rhino

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Rhino - Le Chapelain

Rhino - Le Chapelain


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Fiche du Mercenaire
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Récit d'introduction aux aventures de la Compagnie du Rhino Empty
MessageSujet: Récit d'introduction aux aventures de la Compagnie du Rhino   Récit d'introduction aux aventures de la Compagnie du Rhino EmptyLun 19 Mar - 20:36

(Je reposte pour les nouveaux)

1. L’Ancien Sentinelle.

Bonjour cher lecteur, mon nom est Sentinelle ! J’interviens dans ce récit pour en planter le décor, mais je serai bref, promis ! Qui suis-je ? Vous le comprendrez bien assez tôt… Je reprendrai la main en fin de récit, quand tout sera devenu clair dans votre esprit.

Etes-vous prêt ? Bon, je m’éclaircis les idées et je commence :
Je suis un membre, disons honoraire de la Compagnie du Rhino. On est des mercenaires, c’est-à-dire une bonne et brave bande de combattants, solides et aguerris.
Etre mercenaire, ça veut dire qu’on parcourt le monde dans tous les sens, louant nos services à quiconque peut se les payer : nobles, bourgeois, guildes… Seul le contrat compte pour nous, c’est écrit dans le Codex. Non pas que nous soyons tous des brutes insensibles, se moquant bien d’occire femmes et enfants, mais disons que les sentiments ou les préférences ne devraient pas interférer. Evidemment, parfois on en discute ou on s’engueule, mais le Capitaine n’en démord pas. « Notre neutralité, c’est notre bouclier » qu’il répète sans cesse.

Il m’a fallu du temps pour comprendre et accepter. Au début, je ne pouvais pas imaginer de me battre pour une cause qui me semblait injuste, futile ou désespérée. Que voulez-vous, c’est la fougue de la jeunesse ! Mais sans des gars comme le Capitaine, le Chapelain ou le Diplomate pour te cadrer et te caler dans les ornières, tu te retrouves bien vite les tripes à l’air, et adieu la carrière du preux défenseur des jeunes vierges ! J’ai eu de la chance dans ma courte vie : j’aurais pu tourner caïman ou croquant, et finir au gibet, mais ma route a croisé celle du Rhino. Ils m’ont pris avec eux et m’ont beaucoup appris. Ils ne sont pas trop regardants note : tant que t’es ni galeux ni pesteux ni pouilleux, que t’es malin assez pour comprendre et suivre le Codex, et que tu sais un minimum te battre, t’es bon pour le service. Et encore, pour ceux qui ne savent pas comment tenir une épée, y a la soupe à faire, le campement à monter et démonter, les bobos à traiter, le feu, le bois, la chasse, la vaisselle, la lessive…

Je m’égare. Le message que je voulais faire passer ici, c’est : le Capitaine a toujours raison. C’est la Première Règle.

Quand on livre des batailles pour le compte d’un autre, parfois on gagne, parfois on perd. C’est le destin, et il faut le prendre avec philosophie ! Nous avons une patente impériale en bonne et due forme qui nous autorise à faire ce travail. Alors, quand on perd une bataille, le contrat se termine et on en reste là, sans rancune. On récupère nos cadavres, nos tripes et notre dignité et on va voir ailleurs. Quand on gagne, on rançonne décemment le perdant, on empoche la paie de l’employeur, et à la revoyure ! Ca fait qu’un jour, on peut affronter un régiment, et le lendemain, se battre à ses côtés dans une autre guerre.
Ca peut paraître bizarre, mais on s’y fait, et personnellement je trouve même cela très sain ! Ca évite les vieilles rancœurs, les affaires d’honneur et toutes ces choses… Et en plus, on ne peut nous en vouloir : c’est au commanditaire qu’il faut s’en prendre !

A ma connaissance, on a toujours filé droit, ce qui fait qu’à ce jour, on n’a pas d’ennemis assez hargneux pour vouloir nous achever quand les choses tournent mal. Par l’Empereur, pourvu que ça dure !

Je vais vous laisser ici. Va y avoir une petite histoire, maintenant. Elle n’est pas toujours drôle, mais au final il ne faut pas s’en faire : ce récit se termine dans une taverne chaleureuse, les héros repus de bonne viande, vautrés au coin d’un feu dans de confortables fauteuils. D’une main, ils trinquent dans de grandes chopes d’une bonne bière fraîche, et de l’autre, ils dégustent un bon cigare aux herbes folles, spécialité locale…

A plus tard…
2. Le Capitaine.

On aurait pu dire, à première vue, que c’était là une belle journée d’octobre : le ciel était d’un bleu pastel, le soleil éclatant, et la campagne, couverte d’un frais manteau de neige, était magnifique. Un paysage bucolique en somme, accompagné d’un air frais et vivifiant.

Seulement voilà, la Compagnie du Rhino arrivait manifestement trop tard pour participer à ce qui serait bientôt décrit comme la bataille la plus énorme de la décennie ; Celle-là même qui aurait dû couvrir les mercenaires d’or et de gloire. Et surtout, leur permettre de passer l’hiver confortablement, les armes rangées au râtelier !

Le Capitaine l’avait mauvaise. Il regrettait amèrement d’avoir accepté ce contrat d’escorte. Il avait du louper un « épisode diplomatique » lors d’une soirée trop arrosée, et n’avait pas vu l’imminence de l’affrontement.
Cloué par le contrat qui liait la troupe à la guilde des marchands, le Capitaine n’avait eu d’autre choix que de pousser le convoi au plus vite vers Kortyn, pestant sur ces maudites chariotes tirées par des ânes boiteux. Et puis enfin, après un temps qui sembla durer une éternité, il se hâta de clôturer le contrat, d’empocher une maigre paie, puis de revenir à bride abattue vers les plaines de Lorens, lieu présumé de l’affrontement.

Le Capitaine espérait encore pouvoir joindre la Compagnie aux escarmouches d’arrière-garde.

La troupe fut ralentie par la première neige. Tu parles, trente bons centimètres d’une traite, et en une seule nuit ! Pour au final atteindre un champ de bataille sans plus âme qui vive…

Au milieu de cette campagne colorée, vallonnée et parsemée de petits bosquets, tout respirait la sérénité. Le Capitaine pensa que malgré tout, ça avait dû être une bataille terrible : arbres calcinés, relief retourné par les canonnades... On devinait la présence de corps en grand nombre, hommes et bêtes, étendus pêle-mêle. Des lances brisées plantées au sol, des empennages de flèches…. Cette vision macabre était voilée par une pudique couverture neigeuse.

Pour sûr que le pillage avait déjà dû avoir lieu : à part des loques et des armes cassées, on ne tirerait plus rien de ce charnier. En examinant les livrées que portaient les cadavres, on conclut sans peine que les armées du Conte Waldo, dit le parricide, dit le Félon, dit le Fléau, avaient été vaincues.

- En plus, on aurait été dans le camp des vainqueurs, grommela le Capitaine.

L’homme se mit à l’écart de la troupe : il avait besoin de réfléchir. Sergent Vétéran des guerres de pacification impériales, cela faisait quatre ans qu’il avait pris sa retraite pour fonder la Compagnie. A l’époque déjà, ses gars l’aimaient, et il aimait ses gars comme un père aime ses enfants. Il était taillé pour son métier : inspirant la confiance, calme et méthodique, rusé mais pas maniéré pour un sou et sachant parler gras. Bref, tout ce qu’il fallait pour plaire à la troupe.

Au travers de ses campagnes, un constat s’était imposé insidieusement dans son esprit, jusqu’à l’obséder : les guerres laissent des myriades d’orphelins et de ventres creux. Elles enfantent des âmes perdues, prêtes à tout pour un croûton de pain. Prêtes à tuer, à détruire, à devenir fou, à se damner aux dieux sombres. Un beau gâchis en vérité.

L’armée impériale traitait pourtant décemment ses soldats. De plus, l’ambiance au sein du régiment était bonne, et les Capitaines tenaient le Sergent dans leurs bonnes grâces. Mais rien n’y fit : progressivement, des images désolantes d’affamés et de damnés avaient fini par hanter les nuits du Vétéran. Puis naquit peu à peu l’idée que cette énergie devait être exploitée, canalisée, valorisée. Que des destinées ruinées pouvaient être sauvées. Qu’un funeste destin pouvait être conjuré. Que l’on pouvait vivre d’autre chose que de maigres paies ou rapines. Finir autrement que sur une potence à l’entrée d’une bourgade. Bref, le choix de l’aventure, de la liberté.

La dernière guerre achevée, le sergent repoussa donc la promesse d’avancement, les honneurs et les suppliques des capitaines. Il prit simplement sa paie accumulée et partit. Le cœur serré, il ne se retourna que pour saluer son régiment.

Il passa la première nuit seul. Étendu dans les herbes folles à côté d’un feu de camp improvisé, au fond d’une clairière. Il perdit son regard et son esprit dans le lointain, à chercher des réponses dans la trame des étoiles.
Le silence enrobait les lieux, seulement troublé par des bruits d’animaux. Un mulot, un hibou et un renard, pensa-t-il.

Et puis subitement, le silence complet se fit. L’alerte aurait dû être immédiate, mais les paupières avaient pris le dessus sur la vigilance du Vétéran.

Des ombres surgirent et l’encerclèrent. Elles se rapprochèrent furtivement avant de se jeter ensemble sur lui et de lui asséner de grandes claques, dans un concert de cris et de clameurs.

Le Vétéran cru mourir, avant que la surprise ne se change en joie. Quelques amis proches du régiment avaient pris la même décision que lui et l’avaient retrouvé. Alors cette nuit, prenant à témoin le mulot, le hibou et le renard, ils vidèrent leurs outres à vin. Le Vétéran expliqua ce qu’il projetait de faire, et ensemble ils jetèrent les fondations de la Compagnie du Rhino.
3. Retour à la réalité.

- Hum. Capitaine ? Sentinelle dit qu’il ne sait pas bien où on est.

Le Capitaine fut tiré de sa rêverie par un de ses bons sergents, dit « le Brave ». Il leva un sourcil circonspect.
- Vraiment ? Perdus ? En plaine ? En pleine journée ? Et par un temps pareil ?

Sentinelle accourut, penaud.
C’est que… Je ne comprends pas, Capitaine ! Pour sûr que je connais bien la région de Lorens, mais on dirait que tout a été retourné ici : la forêt qui a brûlé, les cratères partout… J’ai même l’impression que les collines ont bougé ! Et puis avec la neige…

- Les collines qui bougent ? Mais bien-sûr. Tu me feras une semaine de corvée, ça t’apprendra à écluser double.

- Mais Capitaine…

- Y a pas de mais, Sentinelle. Tu bois trop. Un de ces quatre, ça va nous apporter des ennuis.

Tandis que Sentinelle s’en retournait vers la troupe, les épaules basses et la mine dépitée, le Capitaine esquissa un sourire en coin. Sentinelle avait raison, pensa-t-il. C’est juste qu’il ne comprenait pas qu’il y a eu de la magie, ici. Beaucoup, et de la mauvaise magie.

On savait dans le milieu que le Conte Waldo n’était pas net. Ruiné, banni et isolé, il se murmurait qu’il avait alors emprunté des chemins obscurs, et noué des liens avec des entités dont le souvenir lui fit dresser les poils de l’échine.
Un bref instant, des souvenirs d’anciennes batailles lui revinrent à l’esprit: l’odeur de souffre, les murs de griffes et de crocs, et la terreur qu’il lisait dans les yeux de ses hommes. Le Capitaine se demanda comment il eut réagit si Waldo avait voulu l’engager. Il soupesa les arguments un instant et hésita, avant de chasser ces pensées.
-Waldo a perdu. Le problème est donc réglé.
Le Brave Sergent était demeuré à proximité du Capitaine, oscillant d’un pied sur l’autre, l’air ennuyé. Manifestement, il attendait des directives pour la troupe.

Dans un soupir las, le Capitaine exhala un long nuage de vapeur. Il était bien emmerdé. Il sentait bien la nervosité ambiante, et si nul n’eut osé remettre en question son autorité, les choix qu’il avait posés durant l’année écoulée faisaient grincer plus d’une paire de mâchoire.

Il fallait bien reconnaître que le bilan de l’année était mitigé. Pourtant, tout avait bien commencé : des victoires enchaînées, de l’or et du bon temps. Et puis d’un coup, ce fut comme si le sort s’était acharné sur la Compagnie. Des malades, des blessés, et puis des morts aussi.
On avait trinqué, les larmes aux yeux, à la mémoire d’Agylus le bouffon (Un carreau dans l’œil), d’Ali mains d’argent (Un coup de hache dans le dos) et de Rolf l’Enragé (Un piège à loup bien vicelard lui avait tranché la jambe avant qu’il se vide de son sang).

Les contrats suivant avaient été mal scellés, et une paix un peu trop solide avaient forcé de longues périodes d’oisiveté. Sans compter quelques recrues « maladroites » qu’il avait fallu sanctionner sévèrement. Semaine après semaine, le climat s’était alourdi.

Le Capitaine était donc résolu à terminer l’année en roue libre, et sans casse. Il avait à l’esprit de constituer à la hâte quelques réserves pécuniaires pour négocier ensuite un hivernage confortable dans un coin comme Kortyn : bourgade côtière agréable, réputée accueillante en bière et en femmes. Disons, histoire de tirer un trait sur l’année écoulée pour repartir sur de bonnes bases.

Cette bataille manquée aurait pu être la goutte de trop. Sa troupe se retrouvait maintenant empêtrée par la première neige, au milieu de nulle part. Certes, les finances étaient correctes, mais on n’était loin de pouvoir se permettre grande ripaille. Il ne serait pas aisé de trouver un gîte pour les prochains mois. En tant que troupe patentée, il n’était point non plus question de s’imposer ou de se servir sur l’habitant : il faudrait négocier ferme avec le bourgmestre de céans.

En gros, le Capitaine énuméra qu’il allait devoir compter avec trois problèmes.

Primo, l’habitant voit d’un mauvais œil le mercenaire. Il le perçoit comme un bagarreur, voleur de poules et coureur de vierges. Et généralement, il a bien raison. Ceci dit, en fin de saison, quand la faim se fait sentir et que le truand commence à roder autour des masures, la Compagnie prend naturellement sur elle de protéger la bourgade et à ce moment, on est subitement bien content de l’avoir accueillie !

Deuxio, les bourgmestres savent qu’une Compagnie patentée est serrée par des normes strictes, sous peine de perdre sa licence et d’être reléguée au rang de brande de brigandage. La négociation est donc impitoyable, et il faut déployer son plus beau palabre pour ne pas saigner sa bourse.

Tertio, les circonstances présentes sont défavorables : la première neige est précoce et déjà bien piquante. De plus, la région doit grouiller d’autres compagnies ayant pris part au conflit et également en quête d’un lieu d’hivernage. Pour sûr dès lors que les enchères vont monter…

Le Capitaine sourit tristement au Sergent.
- On a assez donné pour aujourd’hui, mon Brave. Allons trouver un bosquet pour y passer la nuit. Ce soir, on mettra en perce le tonneau qu’on a gagné aux marchands, et on chantera les gloires à venir.

Le Sergent acquiesça sans mot dire et la troupe se remit en marche.
4. Le crépuscule.

Durant la veillée de cette nuit-là, on a bu et on a chanté.

Bravant l’interdiction du Capitaine, Sentinelle avait encore trop bu. C’est pourquoi il n’a probablement pas beaucoup souffert quand, au milieu de la nuit, un carreau lui traversa la poitrine.

Il s’était éloigné de son poste de guet pour pisser. Il est mort debout, foudroyé, la queue en main, avant de s’effondrer sur l’épitaphe qu’il s’amusait à graver dans son linceul de neige.

Un cri déchira le silence et une volée de carreau s’abattit sur la Compagnie endormie, avant qu’une horde de ruffians ne se ruent hors des buissons pour achever les survivants.

C’est alors que tonna la voix du Capitaine. Une voix puissante et profonde qui éclipsa toutes les autres clameurs, et fit tomber, des pans de neige recouvrant les arbres proches.

- Attention ! Compagnie, formation Omega !
-Omega !! Reprirent en chœur les guerriers, instantanément dégrisés par l’adrénaline.
- Exécution !
En un instant, les hommes étaient debout, l’arme à la main. Leurs couchages étaient déjà disposés en cercles défensifs : un premier constitué des guerriers lourds maniant haches, épées et boucliers. Un second cercle avec les lanciers, et un troisième avec les archers et les mages. Au centre, les chevaux, les vivres et des compagnons non combattants.

Instinctivement, le cercle se resserra pour combler les vides laissés par les blessés, lesquels furent promptement trainés vers le centre du cercle pour être pris en charge par l’Apothicaire.

Hurlant comme des démons, les assaillants se jetèrent contre la première ligne.

Quand un homme a peur, ou qu’il doute, il a tendance à hurler. Dans cet acte exutoire, il espère puiser le courage d’aller de l’avant. Mais se faisant, il perd également son souffle, se laisse submerger par ses émotions et s’assourdit au point de ne peut plus entendre les ordres. Pour peu que quelqu’un en donne.

La Compagnie du Rhino se battait en observant un silence absolu. Chacun se concentrant sur sa respiration, sur son environnement et sur l’écoute des ordres. La troupe exprimait alors une résolution glaciale et une aura plus effrayante encore que n’importe quel rugissement. Dans le regard déterminé de chaque compagnon, l’ennemi pouvait lire la promesse d’une mort imminente.

Au premier choc des armes et des boucliers, le sang projeté dessina dans la neige des motifs improbables, œuvres d’arts improvisées par des artistes entièrement absorbés par leur sujet.

Pris au dépourvu par la réaction des défenseurs, la première vague d’assaillants se fit découper sur place en quelques secondes.

Aussitôt retentit à nouveau la voix du Capitaine.

- Attention ! Compagnie, action dispersion ! 30 pas !
- Dispersion, 30 pas ! Reprirent en chœur les guerriers.
- Exécution !

Le cercle enfla tandis que la charge était lancée. Chacun avança en cadence droit devant lui.
La deuxième vague d’assaillant plia au 8ème pas.
Les arbalétriers ennemis furent rejoints dans les fourrés au 25ème pas.
Au 30ème pas, le combat fut terminé aussi brusquement qu’il débuta.

- Attention ! Un seul quartier ! Compagnie, formation Omega !
- Omega !
- Exécution !

Ce furent les derniers ordres du Capitaine.
5. Le bilan.

Les dernières instructions du Capitaine étaient données pour la forme : en réalité, chacun savait ce qu’on attendait de lui.

En somme, il importait, après le relatif chaos de la charge, de se regrouper en formation initiale pour faire le point et se réorganiser. Pendant ce temps, les dépêcheurs faisaient leur office. L’ordre précisait également que seuls quelques blessés devaient être épargnés en vue d’être interrogés.

Le travail d’un dépêcheur consiste à achever, capturer et dépouiller les ennemis vaincus, de sorte que les combattants de ligne restent concentrés sur leur tâche et ne quittent pas la formation. S’ils « dépêchent » les uns sur le chemin de la mort, ils dépêchent également les alliés vers le salut, en les conduisant au plus vite auprès des soigneurs, barbiers et chirurgiens.

Le Capitaine appela un de ses officiers.

- Ton rapport, l’ami.

- Ces salauds ont bonne panse, Capitaine. Ils ont du picorer sur le Champ de bataille. Par contre, ils étaient sobres et à pieds. Je suppose qu’ils devaient en vouloir à notre vinasse et à nos chevaux. On n’a pas identifié de chef. On n’a pas récupéré de butin sur eux, ni de charroi. Ils doivent avoir un campement dans les parages. Ils ne portent pas de livrée, ce sont donc sans doute des déserteurs. Nos chants et notre feu se voyaient de loin… Ca a du les attirer. Je vais faire parler les survivants.

- Bien. Confie les prisonniers au Chapelain. Dès qu’on sait où se trouve leur camp, vas avec un Sergent et son escouade récupérer ce qu’on peut. Et prudence, je ne veux plus de morts aujourd’hui.
L’officier opina et s’éloigna.

- A moi, Apothicaire !

- J’accours, Capitaine. Voilà… Trois morts, six blessés dont trois sérieux qu’il ne faudrait pas déplacer. Je fais construire trois traineaux et creuser trois tombes.

Le Capitaine pensa que le bilan de la volée de carreaux aurait pu être pire. Mais ses hommes étaient couchés sous leurs couvertures, et offraient dès lors un profil faible. Et surtout, ce qu’ignorait manifestement l’attaquant, ils dormaient sous leurs grands boucliers. Hélas, malgré cela, outre Sentinelle, Sanders et Avinus ne trinqueraient plus jamais.

Le Capitaine s’éclaircit la vois et s’adressa à la troupe.

- Mes bons et braves, écoutez-moi ! Le sort a beau s’acharner contre nous, rien n’y fera ! Ces chiens ont amèrement regretté leur félonie. Nous avons combattu avec rigueur et bravoure, et ils ont payé la note. Maintenant, on ne va pas s’attarder ici. Dès qu’on aura fouillé leur camp de base, on pliera bagage et on tâchera de trouver un coin tranquille pour s’occuper de nos blessés. Cette fois, si l’Empereur le veut, je déclare la saison terminée. Dès que possible, on basculera en hivernage. Gloire au Rhino !!

- Gloire au Rhino !!! Repris la Troupe avec enthousiasme, avant de retourner à ses tâches.

Le pillage du campement des déserteurs mit un peu de baume au cœur de chacun. De l’or, des bijoux, des armes, deux chevaliers et leurs écuyers, deux chevaux et six femmes furent récupérés. Les chevaliers et leurs écuyers seraient bien traités et honnêtement rançonnés.
Selon leur volonté, les femmes intègreraient la Compagnie ou profiteraient à leur guise de leur liberté retrouvée. Le Capitaine était vieille école : il encourageait la course au jupon, mais interdisait le viol.

Il désigna sans tarder un nouveau Sentinelle en la personne d’un éclaireur prometteur. Quand l’un tombe, un autre prend sa place. Les choses seraient comme avant.

C’est à la faveur d’une aube radieuse que la Compagnie se mit en route, vers le sud. Le soleil dardait la plaine de ses premiers rayons, colorant la campagne, chassant le brouillard et les ombres.
Le Capitaine ignorait la destination, mais le Chapelain de la troupe, sans doute mu par quelque vision, avait suggéré cette direction. Tôt ou tard, ils tomberaient bien sur un hameau…

En fin de matinée, la joyeuse mine du ciel changea progressivement. De lourds nuages chargés de neiges apparurent. La colonne cheminait en silence, éclaireurs sur les devants, les arrières et les flancs. A l’orée d’un bois marécageux, le brouillard repris ses droits.

Souriant en lui-même, le Capitaine pris le pli de pénétrer le plus naturellement du monde ce bois à l’apparence peu engageante. Il envisagea cela comme un test d’autorité, et une leçon de braverie pour ses hommes. Il n’était pas superstitieux, mais savait que dans les rangs, certains redoutaient l’inconnu : brouillard, forêt mystérieuse et marais odorant étaient trois ingrédients de choix pour mettre collectivement à l’épreuve la bravoure du groupe. Par ailleurs, le Capitaine ne doutait pas un instant que tout se passerait bien : l’attitude stoïque des anciens inspirerait les jeunes recrues.

Puis sonna un glas qui fissura les certitudes du Capitaine.

Venu de nulle part, naquit un son plaintif. Long et traînant. Lent en cadence. Lugubre comme une plainte funèbre.
6. Le glas.

Certains chevaux firent mine de s’affoler. Les jeunes dégainèrent instinctivement. Le convoi s’arrêta net.
Avec le brouillard, on n’y voyait pas à vingt pas. On était perdus, enveloppés dans un silence oppressant. Les animaux se turent à leur tour. Tout cela ne présageait rien de bon.

Cet instant de flottement dura de longues, longues secondes.

Alors, Rhino ? Tonna alors la voix du Capitaine. On a vu une souris ? Maintenant que les culottes sont mouillées, colonne, en avant !!

La colonne s’ébranla sans entrain.

Intérieurement en proie au doute, le Capitaine réfléchissait rapidement. La bataille, le Conte Waldo et sa magie noire, les créatures… Il était sur le point de regretter sa décision de traverser ce bois, bien conscient toutefois qu’il n’était pas question de faire demi-tour. Cette fois, l’épreuve de bravoure était devenue bien réelle.

Le glas continuait à résonner, lentement, et puissamment.

Le marais qui baignait au pied des troncs avait avalé la neige, et luisait de cristaux de glace. De la mousse enveloppait les écorces. Ca et là, des bulles de putréfaction crevaient la surface. Des croassements ponctuaient le silence. La colonne avançait sur un sentier, certes relativement large, mais les traineaux peinaient sur un sol irrégulier et déformé par des racines tordues.

- Capitaine ! Y a quelque chose devant ! Cria une voix sur l’avant du cortège.

Le Capitaine fit la moue : le nouveau Sentinelle semblait prendre son rôle très à cœur. Mais tout fraîchement nommé qu’il était, il lui manquait encore la maturité… Et la retenue...
- Ca me fait une belle jambe. Dis-m’en plus !

- C’est gros. Très gros. Comme tapi sur le bord du chemin.

- Ca va, Sentinelle. Ne bouge plus et attends-moi.

Le Capitaine était excédé. Il était temps d’en finir avec cette affaire. Il dégaina son épée et fit avancer sa monture le long du chemin. Les anciens, fidèles de la première heure, s’ébranlèrent spontanément à sa suite.

La chose était imposante. Sombre et immobile. La brume en masquait les contours.
Outre le son du glas, une sorte de grondement sourd en échappait. Le Capitaine sourit narquoisement. Si ce truc était un monstre, ils n’avaient aucune chance : ils étaient déjà morts.
Mais, dans aucune de ses campagnes, sur aucun des champs de bataille qu’il ait foulé du pied, si terrible soit-il, et de toutes les choses abominables qu’il avait occises dans sa vie, le Capitaine n’avait jamais compté un monstre avec… une cloche attachée sur le dos.

L’hypothèse du monstre étant écartée, le grondement n’était plus le fait d’une bête, mais d’un moteur. Il ne pouvait donc plus s’agir que d’une seule chose…
Le Capitaine rengaina son épée et mis pied à terre. Il enleva son heaume d’acier, et le cala sous le bras, prenant bien soin de ne pas froisser la grande plume qui le surmontait.

- Pied à terre, ordonna-t-il ! La Compagnie s’exécuta aussitôt.

Le Chapelain vint à la hauteur du Capitaine.

- Tu le savais, hein Chapelain ?

- Je sentais que nous devions aller vers le sud.

- Tu ne m’as rien dit.

- J’ignorais pour « ça »…

Le Capitaine pensa à voix haute.

- C’était donc écrit. Nous ne sommes pas ici par hasard. Nous avons été appelés. C’est un instant rare, Chapelain. Un signe aussi clair. Nous ne pouvons pas nous en détourner.

La Compagnie s’approcha avec précaution du char. La rudesse de ses formes et la froideur de l’acier de son blindage tranchaient avec la finesse des gravures, bas-reliefs et vitraux de cet édifice mobile destiné à accompagner les armées sur les champs de bataille.

Le Capitaine en avait déjà vu, jadis.

L’édifice semblait en mauvais état. Des vitraux étaient fissurés, des coups, de la rouille et de la vase parsemaient sa structure. Il avait basculé dans le bas-côté, ses roues côté droit battant l’air.

Le glas cessa de sonner. Seul le ronronnement enroué de la machine faisait vibrer l’atmosphère alentour. Une épaisse fumée noire s’échappait de la cheminée et se fondait dans le brouillard, devenu si dense qu’il masquait le ciel.

- Comment, par l’Empereur cette machine a-t-elle bien pu parvenir jusqu’ici ? S’exclama un Sergent.

Le Capitaine allait répondre quand un bruit strident de gonds se fit entendre.

- Nous serons bien vite fixés, ironisa-t-il.

Une ombre se dessina dans la brume, avant d’apparaître aux regards des compagnons. Un homme, vêtu comme un moine.

- Loué soit le divin Esprit de la Machine !

- Mille grâces, Frère Mécaniste, salua le Capitaine en s’inclinant légèrement.

- Mes frères et moi désespérions d’être secourus. La Machine a tellement souffert ! Ses rouages grincent et couinent ! Son feu s’éteint ! Nos saintes huiles ne suffisent plus à apaiser ses plaintes ! Vous devez absolument…

- Du calme, Mécaniste, coupa le Capitaine. Je vous présente la Compagnie du Rhino.

Il désigna du bras ses compagnons.

- Et si vous nous expliquiez d’où vous venez et ce qu’il se passe ici ?
7. La Croisade de Lorens.

Le Mécaniste et son équipage ne se firent point prier pour boire et manger tout ce qu’on leur apporta. Le visage émacié, assoiffés et affamés, ils engloutissaient les mains tremblantes le pain, le vin et la viande. De toute évidence, ils étaient résolus à ne jamais abandonner le temple-forteresse, quitte à sombrer avec lui dans ce marais perdu.

Entre deux bouchées de pain, le Mécaniste expliqua que la machine, nommée le Ferrus Sanctus (Le Saint d’Acier) était au service d’un Inquisiteur ; Qu’ils étaient venus en Lorens afin d’appuyer les troupes de l’Intendance dans le combat face aux armées du Conte Waldo. L’Inquisiteur pressentait que l’hérésie et la perversion s’étaient insinués dans l’armée du félon.

Et de fait, par la suite, ses craintes se sont avérées fondées.
Le Mécaniste raconta que la veille de la bataille, les armées se faisaient face dans la plainte, chacune retranchée dans son campement et fourbissant ses armes. A la nuit tombée, d’étranges lueurs apparurent dans le camp de l’ennemi. Suivirent bien vite des hurlements affreux et des plaintes d’agonie.
Les troupes impériales furent tout d’abord émues à entendre ainsi les suppliciés, avant d’être saisies d’effroi, lorsqu’au cœur de la nuit, des créatures cauchemardesques apparurent au milieu du camp et entamèrent un carnage. Une fois un semblant d’ordre rétabli dans les rangs, il fallut plusieurs heures pour repousser les créatures d’outre-tombe.

Au cœur de la mêlée, le Sanctus Ferrus fit merveille : L’inquisiteur perché à son sommet haranguant les troupes, les cantiques chassant la peur des esprits, l’équipage accordant la dernière grâce aux mourants, prodiguant des soins aux blessés tout en semant la dévastation de ses canons consacrés.

Comme l’avait pressenti plutôt le Capitaine, le Mécaniste confirma que le lendemain fut un jour terrible. Les armées du Comte Waldo étaient grandement en infériorité numérique, et d’avance données perdantes. Mais le Comte maudit avait pris sur son âme damnée de compenser ce handicap en levant une armée monstrueuse, au sens propre du terme.
Les Croisades du Chaos étant terminées depuis longtemps, peu de régiments avaient jamais combattu les horreurs du chaos. Ils apprirent donc à le faire à leurs amers dépens.

Les troupes coalisées de l’Intendance, dont aurait dû faire partie la Compagnie, déjà fragilisées par la nuit précédente, abordèrent la journée sans grand enthousiasme, et il fallu moult harangues, herbes et vinasse pour requinquer tout le monde.

En milieu de matinée, tandis que les canonnades préalables à l’assaut faisaient rage, Waldo fit invoquer les ténèbres, la foudre, la grêle et tout le saint tremblement. Ce qui fit qu’en plein midi, la bataille eut lieu dans l’obscurité !

Les Augures de l’Inquisiteur avaient prévu ces événements. Et une fois encore, le Ferrus Sanctus contribua à créer la différence. Ses vitraux brillant de mille éclats, son glas sonnant à tue-tête, l’encens bénit craché par ses cheminées, le temple mouvant était comme un phare dans une nuit de tempête. L’Inquisiteur, perché sur sa chaire, abreuvait les troupes de ses litanies fortifiantes, attisant leur juste furie, tout en pétrifiant les hérétiques de son regard d’acier.

Les griffes s’abattirent moult fois sur le blindage sacré, et les roues d’argent broyèrent l’ennemi damné.
L’équipage, mu par sa foi implacable au service de la machine, entonnait des prières pour que les engrenages tiennent bon et que les armes touchent au but. Le Canoneur, le Mécaniste et le Fulmineur firent ainsi leur office avec zèle.

En dépit de pertes importantes, les alliés prirent finalement le dessus sur la horde de Waldo. Ce dernier, sentant sa défaite approcher lança de dépit son ultime rituel.

C’est alors que les forêts s’embrasèrent, que les collines s’ébranlèrent et que la terre se retourna dans un océan de cris. Puis, ce fut le silence.

Bien plus tard, sans qu’ils puissent préciser exactement quand, l’équipage du char recouvra ses esprits.
Le paysage autour d’eux avait changé. Ils se trouvaient dans ce marais, précisément là où la compagnie les découvrit. L’Inquisiteur avait péri, comme en témoignait les morceaux d’os, de bure et de chair calcinée retrouvés à l’endroit où il se tenait.

L’Esprit de la Machine souffrait terriblement des dégâts subis. Et, admit difficilement le Mécaniste, la voix tremblante, toute trace de la sainteté radieuse qui avait fait la gloire et l’aura du Ferrus Sanctus avait disparu.
Les reliques n’étaient plus là, l’encens n’était plus que poussière, les livres et les parchemins bénis qui recouvraient le blindage incinérés… La rançon du service rendu était cruelle : la désacralisation complète de l’outil d’un fier Inquisiteur, ancien et trépassé serviteur du Dieu-Empereur.

Le Ferrus Sanctus était orphelin. Seule subsistait en ses entrailles une parcelle de l’Esprit de la Machine, telle une braise sous la couche de cendre. Celle-ci, toutefois se mourrait lentement, et l’équipage était résolu de s’éteindre avec elle.

Sans raison aucune, le Fulmineur fit alors sonner le glas, sans discontinuer.

Une lueur s’alluma dans le regard du Capitaine.

- Et nous arrivâmes, tels des porteurs immaculés de la dernière chance, conclut-il avec emphase.

- Oui ! S’exclama le Mécaniste dans un souffle, le regard nouvellement brillant et le visage radieux.

- Emouvant, Mécaniste. Et je suis sincère. Mais… Dites-moi… Avez-vous de l’or ?
8. Avez-vous de l’or ?

- De l’or… Mais… réussit à balbutier le Mécaniste.

- Je vais résumer la situation, l’ami.

Le Capitaine se carra dans son siège, et s’appuya des mains sur ses genoux, les doigts écartés. Il respira profondément.

- Votre forteresse mobile fut achetée par un Inquisiteur. Elle fut été consacrée et agrémentée en bonne et due forme. Elle fut été baptisée le Ferrus Sanctus. Je devine que vous et vos compagnons en êtes l’équipage depuis longtemps. Vous louez un culte à son esprit, chose nécessaire à son bon mais complexe fonctionnement. En somme, vous vivez en communion avec cette… Machine.

Le mécaniste ne répondit rien. Crispé, il attendait la suite. Le Capitaine soupira, et choisissant ses mots avec précaution, et continua.

- Le temple a été désacralisé. En dépit de ses gloires passées, il n’est à nouveau plus qu’une forteresse mobile, si je puis dire, parmi d’autres que l’on peut apercevoir régulièrement sur les champs de bataille. L’Inquisiteur est mort, vous laissant orphelins de père, de guide et... d’employeur.

- La Loi Impériale oblige…Commença le Mécaniste.

- Je connais la Loi ! Coupa le Capitaine. L’Inquisition peut requérir tous les moyens jugés nécessaire à sa mission. Mais vous constituiez la suite de l’Inquisiteur et il est mort, vous libérant de votre contrat. Est-ce que je me trompe ?

- Non…Souffla l’homme en bure.

- Et maintenant, vous êtes seuls, mourants, perdus dans des marais putrides et dont vous ne pourrez jamais sortir. Si l’Esprit de cette machine s’éteint, il ne s’éveillera plus jamais et ce sera la fin. Vous avez besoin d’aide. L’hiver est là. La neige va ensevelir ces campagnes, et vous servira de tombe.

- Oui…

- Nous sommes des mercenaires. Nous pouvons vous aider. Nous sommes même les derniers à pouvoir le faire. Mais, je le demande à nouveau, avez-vous de l’or pour nous engager ?

Après quelques instants de silence, le Mécaniste répondit simplement.

- Non.

- Pas même une couronne symbolique ? Ou toute valeur autour de laquelle nous pourrions nouer un contrat ? Vous savez que la Loi nous interdit formellement tout acte non rémunéré.

- Nous n’avons comme valeur que nos personnes et notre… Machine. Nous sommes seuls. Les derniers mots du Mécaniste moururent dans sa gorge.

Le Capitaine fit signe au scribe de s’approcher. Il se tourna vers le Mécaniste, sourit avec chaleur, et lui tendit la main.

- Vous n’êtes plus seul, maintenant. Nous sommes votre nouvelle famille. La Compagnie vous engage.
9. La messe est dite.

Libérer le char de l’emprise des marais fut moins ardu que prévu. On constitua un attelage en unissant la force des chevaux, et on tira bien vite la machine de son embarras. Les Compagnons abattirent prestement des arbres en quantité afin de produire le charbon nécessaire à nourrir la Machine.

D’autres compagnons nettoyèrent la carapace et assistèrent l’équipage dans les réparations d’urgence.
Le Mécaniste n’avait pas mentit : le Ferrus Sanctus avait été durement malmené durant la bataille. Il était constellé d’impacts, de bosses et de coupes dont certains n’avaient pas été faites par des armes humaines.

La Compagnie travailla d’arrache-pied toute la nuit. Les blessés avaient été placés à l’intérieur du char.
Sentinelle était parti repérer le meilleur et le plus court chemin pour traverser le marais, en direction du sud.

A l’aube, tout était prêt pour le départ.

Il régnait dans la Compagnie comme un parfum d’exaltation, de légèreté. Comme si toutes les souffrances et la fatigue des derniers temps s’étaient évaporées. Le Capitaine ne pouvait se l’expliquer. Quel effet cette machine pouvait-elle bien exercer sur ses hommes ?

Le Mécaniste signa sans un mot le contrat qui liait son entrée au service de la Compagnie.
Puis il demanda au Capitaine la permission de boire. Cette permission accordée, il but jusqu’à la lie avant de dormir tout le jour suivant.

Quand il ressortit des entrailles du char, il avait changé, sans avoir vraiment changé… Une lueur déterminée brillait dans ses yeux, mais le Capitaine n’y lu nulle trace de dépit, ou de colère. Le Mécaniste mis immédiatement toute son énergie au service de son nouvel employeur, avec autant de zèle qu’il dut déployer au service de feu l’Inquisiteur.

Plus que jamais, il fallait se dépêcher de trouver un hameau où s’établir.
A la sortie du bois, on constata que la neige tombait lourdement, et achevait de figer la campagne pour les longs mois d’hiver à venir.

La Compagnie progressa donc dans la neige, le char en tête, ouvrant et déblayant la route. Et au crépuscule, la colonne s’enfonça dans une mystérieuse vallée.

Ce fût comme s’il était évident depuis le départ que c’était la destination du voyage. Pourtant, nul ne connaissait ces lieux. Le Capitaine était trop fatigué, et son esprit émoussé pour réagir. Il se laissa entraîner par sa monture sans piper mot.

Le creux de la vallée était paisible et boisé, comme un écrin de paix dissimulé au cœur d’un monde brutal et sanglant. En son centre se trouvait un hameau.

A l’arrivée de la troupe, les habitants se rassemblèrent sur la place. Leurs mines étaient joyeuses. Ils portaient des couvertures, des chopes de vin chaud et d’autres présents en guise d’accueil. Jamais de mémoire d’homme des mercenaires n’avaient été reçus de la sorte.

Le Capitaine n’en revenait pas. Ou plutôt, il ne comprenait que trop bien que tout cela le dépassait, était au-delà de son contrôle. Nous étions attendus. C’était écrit. Il se laissa entraîner avec sa troupe dans le piège de velours.
10. Enfin le repos.

C’est ici que Sentinelle vous retrouve, cher lecteur !
Enfin, l’ancien Sentinelle, celui qui est mort bêtement en pissant dans la neige. Que voulez-vous, on ne choisit pas son heure…
Et puis, je dois reconnaître que je l’avais bien cherché. Je demeure désolé pour le mal que j’ai commis, et ceux qui j’ai emmenés avec moi dans la tombe me demanderont bien assez vite des comptes.

Bref. J’ai compris également que bien que défunt, mon rôle n’était pas terminé. Je suis, comment dire, coincé entre le monde des vivants et celui des morts.

Désormais, vous pouvez me renommer le Serviteur.

Je suis là pour vous, membre de la Compagnie.

Je vous vois dans ce hameau perdu. Je vous vois délaisser vos armes et votre armure, et conduire le cœur léger votre cheval à l’écurie.
Je vous vois faire la fête avec vos compagnons dans la taverne chaleureuse.
Vous êtes repu de bonne viande, vautré au coin d’un feu dans un confortable fauteuil. D’une main, vous trinquez dans une grande chope d’une bonne bière fraîche, et de l’autre, vous vous apprêtez à déguster un bon cigare aux herbes folles, spécialité locale…

Vous l’ignorez encore à cet instant, mais vous êtes sur le point de sombrer dans un étrange sommeil, qui vous conduira, vous et les autres aux portes des rêves. Un rêve collectif, au sein duquel vous vivrez vos prochaines aventures.

J’ignore combien de temps vous voyagerez en ces contrées.
J’ignore également les motivations de ces étranges villageois qui vous ont reçu. Et en réalité, peu importe.

Je devine que vous serez déboussolés, et que mon rôle sera de vous guider dans vos premiers pas au sein du monde des rêves.
Ensuite seulement, je rejoindrai l’esprit de mes ancêtres.

Bon rêve à toi, Compagnon du Rhino.
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Récit d'introduction aux aventures de la Compagnie du Rhino
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